J'attends un peu avant de voter...
Voici pour l'instant mes impressions générales.
C'est un disque déroutant, plutôt dans le bon sens du terme. Plus encore que pour
Ringo Rama en 2003, Ringo Starr s'extirpe du son Beatles et du pop/rock bien propre, dépourvu de toute prise de risques. Avec
Y Not, il démontre qu'à bientôt 70 ans il est un musicien conscient de son époque et de l'évolution musicale en générale. Bien que Ringo se fiche pas mal des ventes de l'album - qui ne seront sans doute pas terribles, comme d'habitude - artistiquement parlant il a pris quelques risques.
Petite revue rapide du contenu :
Fill in the blanks : Entrée en matière un peu quelconque malgré les guitares électriques en force. Bravo Joe Walsh ! Titre entraînant à défaut d'être renversant. Ce n'est heureusement pas
Fading in Fading Out, mais ce n'est pas non plus
Weight of the World. Une chanson construite avec simplicité... contrairement à ce qui va suivre !
Peace dream : C'est pour le moment mon coup de coeur. Cette chanson hommage à John Lennon repose sur des paroles très gentillettes (très idéalistes et somme toute assez faciles), mais la mélodie, l'atmosphère générale sont travaillées et le charme opère dès la première écoute. Il reste quelque chose de
Peace dream à tel point que l'on voudrait tout de suite y revenir. Envoûtant est le mot qui convient pour qualifier cette chanson.
The Other Side of Liverpool : Autre très bon titre à mon avis. C'est bien mieux que la chanson
Liverpool 8 ! Choeurs discrets, refrain entêtant, couplets convainquants (avec une variation d'interprétation notable). La chanson aurait été meilleur si, après le passage instrumental, Ringo avait inséré un autre couplet au lieu de répéter le refrain 30 fois. Ca aurait donné un peu plus de consistance à ce morceau. Mais ne boudons pas notre plaisir !
Walk with you : Je confirme : je n'aime pas du tout. C'est la chanson la plus fade de l'album. De mon point de vue, c'est une niaiserie sans intérêt.
Time : Chanson sereine, baroque, qui laisse une large place aux instruments. Difficile d'en transcrire l'atmosphère par des mots : c'est une sorte de réflexion baignée de torpeur ou noyé par les contorsions du... temps. Pas désagréable. Un titre qui prend sans doute de la valeur au fil des écoutes. Ce n'est pas un titre facile ni accrocheur.
Everyone wins : Je l'écoute en ce moment-même. Ma première réaction a été l'amère déception. La reprise tant attendue ressemble plus à un mauvais remix. Au fil des écoutes, je relativise quand mon même ce jugement sévère. Elle a tout à fait sa place dans cet album mais reste inférieure à la version originale.
Mystery of the night : C'est peut-être la perle de cet album. Un titre qui sonne très "années 90'" je trouve. Superbement produit, assez fin finalement. Je l'ai pris à première écoute - et vraisemblablement à tort - pour un morceau pop banal. Bien au contraire, c'est très soigné et même émouvant.
Can't do it wrong : Un titre assez étrange encore, qui nous signifie - au cas où ce ne serait pas encore compris - que Ringo sait modeler son style. Ballade nonchalente, dans la veine des titres de Ringo qui redonnent le sourire. Les arrangements sont marqués par la présence de cuivres et cela n'étonnera pas étant donné que la chanson est un peu jazzy sur les bords (confère l'interprétation). Ce n'est pas un grand titre, on peut plutôt parler d'ornement, mais ça aide à retrouver le Ringo que l'on connait avant d'abord les deux dernières titres, totalement décoiffants.
Y Not : L'extrait entendu sur la vidéo présente sur le site de Ringo ne donne qu'une mince idée de ce qu'est vraiment ce titre. Ringo s'est ici totalement lâché, tant au niveau de l'inspiration que du style. Depuis les premières notes (électro ?) jusqu'au final "oriental" sorti de derrière les fagôts, c'est un morceau totalement imprévisible. Ce n'est pas "beau" à entendre mais c'est musicalement très intéressant. On remarque que Ringo a posé des couplets chantés comme du "rock 'n' roll" sur des arrangements modernes qui n'ont rien à voir avec la simplicité de ce rock des années 50'. Un peu comme si David Guetta remixait
Blue Suede Shoe... Je n'en dit pas plus...
Who's your daddy : Magnifique, un final d'une efficacité redoutable ! En fait, Ringo fait seulement les choeurs répondant à la voix principale, mais cette chanson est interprétée par Joss Stone (sauf erreur de ma part). Court, simple, amusant et... surprenant !
Pour conclure, sur le plan de la production, j'ai eu très peur lorsque j'ai écouté ça au balladeur mp3. J'ai trouvé la production agaçante et ça m'a pratiquement foutu la migraine. Une fois les wma gravés et le CD joué sur la chaîne hi-fi, c'est beaucoup plus reposant. Reste quand même ce reproche que l'on peut adresser plus que jamais à Ringo : "
arrête un peu de doubler ta voix putain !"
Je pense vraiment qu'avec un peu plus de naturel et moins d'effets bien moches, les chansons y auraient énormément gagné. D'autant plus que Ringo a fait des efforts sur le plan vocal et varie son interprétation (
cf. la chanson
Y Not).
Allez, s'il faut donner une note, je donne 7/10 à chaud. On verra dans quelques jours ce qu'il en reste. A mon avis c'est un disque à ranger plutôt à côté de
Ringo Rama car finalement créatif, sans que je n'arrive à savoir s'il est meilleur ou non que ce dernier. Allez, dans les 5 meilleurs de toute la carrière solo de Ringo.